Pour commencer l’an deux mille onze
Pour commencer l’An 2011, je voudrais placer cette année sous le patronage de Paul Valery et de la règle de vie qu’il s’était donnée: Il faut toujours savoir pourquoi. Et pour formuler mes vœux je voudrais vous offrir comme autant de petites lumières douze pensées qui m’accompagnent pour éclairer les prochains mois. A l’An Nouveau qui verra la réalisation de toutes vos espérances.
Attention un train peut en cacher un autre (SNCF)
On attend beaucoup de la SNCF, parfois même le respect des horaires. Mais on n’espérait pas une règle d’analyse, une intuition métaphysique pour appréhender la complexité des choses. La vie du rail, la vie tout simplement nous apprend qu’il y a des choses derrière les choses, parfois cachées. Les phénomènes sont moins simples qu’ils nous apparaissent dans une illusion rassurante. Le jeu des causes ne s’arrête pas à un facteur unique; et la première cause qui est découverte n’est souvent pas la plus déterminante. La SNCF nous l’enseigne
Je préférerais avoir vaguement raison que précisément tort (John M. Keynes)
Ce serait une erreur de croire que Keynes ait pu mépriser l’exactitude. Mais il rejetait la fausse sécurité des détails accumulés, et des modèles mathématiques ou financiers. Il n’aimait pas la suffisance des raisonnements fondés sur la seule logique au détriment de l’intuition qui saisit la vérité dans son état naissant telle qu’elle apparaît dans la contemplation des choses. Et pour donner une confirmation posthume à Keynes : le raisonnement qui sous-tendait l’invention de la titrisation des subprimes était, sans doute, précis … mais faux.
Archéologie du principe de précaution
C’était l’époque de Jurassic Park. Un jeune chasseur, plus ingénieux que d’autres, rapporta des tisons brûlants au village de la tribu. Il proposa d’entretenir le feu. Les anciens délibéraient, certains étaient séduits quand le sorcier en transe raconta ses visions : des guerres avec les tribus qui voudront voler le Feu, des incendies, des fumées suffocantes, la fin d’un monde… Par précaution, les Anciens effrayés, décidèrent de bannir celui qui voulait domestiquer le feu. Il se refugia dans les grottes avoisinantes avec quelques compagnons. Il résistèrent avec difficulté au rude hiver, réunis autour des braises patiemment entretenues. Quand le printemps libéra la nature, ils descendirent vers le village où...
Là où il y a une volonté, il y a un chemin (Lénine)
Prêtée à Lao Tseu ou à Jaurès, empruntée par Churchill qui avait beaucoup lu, cette maxime est bien du révolutionnaire Lénine. Afficher une telle énergie, pourrait sembler une certitude aveugle, alors qu’exilé, il n’était plus suivi que par quelques bolchéviques revenus au sens premier de ce mot c’est-à-dire des minoritaires. Mais chez un esprit aussi froidement réaliste j’ai toujours pensé qu’elle signifiait plutôt : S’il existe un chemin je saurais le découvrir et le parcourir jusqu’au bout.
Ce ne sont pas les études de marché sur la lampe à l’huile qui ont permis de découvrir l’électricité (Daniel Jouve)
Ne pas changer c’est se condamner à disparaître; mais comment innover? Sans vouloir philosopher sur le sujet, voila deux simples faits tirés de la courte histoire de la nouvelle économie. Microsoft, malgré sa toute puissance financière et sa présence écrasante dans le domaine du logiciel, n’a pu éviter la domination de Google sur internet. Quant à Google, il a cherché répondre toujours mieux aux attentes du consommateur, l’étouffant sous sa sollicitude informatique, il est aujourd’hui dépassé par Facebook. Croyons en un connaisseur, Steve Jobs : « l’innovation c’est une situation qu’on choisi parce que l’on à une passion brûlante pour quelque chose. »